La semaine passée a été riche en événements. Malheureusement, cette richesse n’est pas d’une grande utilité. Qu’est-ce qui se passe ? A la faveur de la 77 ème Assemblée des Nations unies, deux pays sahéliens, le Niger et le Mali se sont portés des coups d’une rare absurdité au grand désarroi des Africains. En effet, le siège des Nations Unies, qui est le temple de la diplomatie par excellence, a abrité des passes d’armes porteuses d’indélicatesses et de manque de retenue. Comme sur un ring de boxe, le Niger et le Mali se sont évertués à s’assener des uppercuts et des crochets somme toutes très difficiles à encaisser. Dans ce pugilat qui n’a pas sa raison d’être, lequel des deux pays a ouvert en premier les hostilités ?
Eh bien, le Niger par la voix du président Bazoum Mohamed a été le premier à s’en prendre vertement aux autorités du Mali. Dans une interview accordée aux journalistes de RFI et de France 24, le président du Niger a oublié de mettre en pratique l’adage qui dit ’’ avant de parler, il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche’’. Oui ! Le président Bazoum Mohamed, faisant fi des règles les plus élémentaires en matière de diplomatie s’est permis de s’immiscer dans les affaires sécuritaires du pays frère qu’est le Mali. Aiguillonné par les questions perfides des journalistes français, le chef de la diplomatie Nigérienne a descendu en flammes brulantes la junte militaire au pouvoir au Mali dans sa façon de gérer la crise sécuritaire. A partir de cette malheureuses interview, le monde entier a été témoin que le président Nigérien a manqué d’élégance diplomatique. Une inélégance imputable au service de communication de la Présidence du Niger qui a oublié de mettre des garde-fous afin de s’assurer que l’interview se passera dans le respect des convenances diplomatiques. La vérité fait mal, mais il est nécessaire de la dire. Alors, par la suite, qu’est-ce qui s’est passé sur le ring de boxe ?
Le représentant de l’Etat malien à l’Assemblée des Nations Unies, le colonel Abdoulaye Maïga a usé de la stratégie de ’’ la réponse de la bergère au berger’’. Dans un discours d’une énorme intensité, le premier ministre malien a distribué des coups. Et dans le combat qui l’oppose au président Nigérien, le boxeur malien a riposté en assenant un coup direct au visage du président Bazoum en le traitant de non Nigérien. De ce combat, les deux boxeurs se sont séparés du ring des Nations Unies qu’ils se sont choisis, sans qu’on sache qui a été le vainqueur du combat. Au lendemain de ce combat fratricide, les émotions se sont affolées, particulièrement au Niger. Au Niger, pendant que beaucoup de citoyens s’accordent à dire que le président Bazoum Mohamed a récolté les conséquences de son ingérence dans les affaires d’un autre pays ; les défenseurs de la renaissance acte III, se répandent à qui mieux-mieux pour vilipender le colonel boxeur du Mali. Pourtant le bon sens recommande aux laudateurs du régime de la renaissance de porter des critiques à l’endroit du président Bazoum. Cela, pour la simple raison que la critique et l’autocritique font partie du socialisme.
Pendant ce temps au Mali, le colonel boxeur est célébré en héros pour avoir dit haut ce que beaucoup de dirigeants, surtout africains pensent bas. Pour autant, deux pays frères comme le Mali et le Niger qui partagent énormément de choses, doivent-ils être des ennemis au grand contentement des forces obscures qui travaillent à leur déchirure ? Assurément non ! Ce qui reste maintenant à faire, de la même manière que le président Sandaogo Damiba a été reçu par le président Bazoum Mohamed, ce dernier doit travailler à faire venir le président Assimi Goïta au Niger. Une action sage qui permettra d’apaiser et de créer la synergie entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, afin de combattre l’obscur terrorisme dans la zone des trois frontières. Car la paix que l’on cherche pour le Niger, il faut la vouloir pour tous les autres Etats du monde.
Ali Cissé Ibrahim Radio Wadata-Niamey.