S’Il y a un sentiment ancré au plus profond chez les Nigériens, en particulier chez la jeune génération, c’est certainement le sentiment anti-français. Une jeune génération, suffisamment éveillée, qui ne croit plus en cette histoire de la colonisation, racontée et écrite par le colon lui-même, en s’attribuant le beau rôle. Le rôle du colonisateur-civilisateur. C’est pourquoi, aujourd’hui, aucun jeune nigérien n’accepte plus de se soumettre au diktat d’un quelconque homme blanc. Ces jeunes sont nés libres et personne ne peut attenter à cette liberté, sans qu’ils ne réagissent en conséquence.
De nature, les africains, en particulier les nigériens, sont jaloux de trois choses, qu’il ne faut jamais toucher. Ces trois choses sont : sa terre, sa chefferie et sa femme. Toute personne qui ose toucher à l’une d’elles risque fort de le regretter.
Malheureusement, le « petit néocolonialiste » actuel, qui a oublié que le temps est révolu et que la servitude est abolie, continue de penser que, les nigériens sont toujours dans la vieille logique. Cette vieille logique du maitre blanc qui aurait un droit inaliénable sur la terre nigérienne et tous ceux qu’elle renferme, voir sur son peuple, qu’il considère encore comme un peuple soumis.
Certes, l’avènement du coup d’Etat du 26 juillet a servi de déclencheur pour le peuple du Niger qui a longtemps été spolié, pillé, dupé et amadoué par le pays dit colonisateur. Ce peuple, notamment la jeunesse actuelle ne désire désormais qu’une chose, en finir avec le système impérialiste français, avec les accords militaires et les accords sur les industries extractives signés entre le Niger et la France.
Ils ont aussi lu quelques passages des livres et romans écris sur la colonisation, des passages choquants et révoltants. C’est le cas de massacre de Koni ou en une seule journée, la mission Voulet et Chanoine avait tué plus de 10 mille personnes. L’histoire des femmes enceintes, éventrées par ces colons pour satisfaire leur curiosité, cherchant à voir comment un enfant vie dans le ventre de sa mère. Des histoires de violences, de violes, et de traitements dégradants, que ces blancs, sans cœur, avaient fait subir leurs aïeux.
Pour avoir fréquenté les mêmes écoles supérieures et pour avoir acquis le même niveau d’éveil des consciences, les même connaissances des civilisations et pour avoir acquis les mêmes savoir sur les droits internationaux, la diplomatie et la coopération entre Etats, la jeune génération actuelle de nigériens n’acceptera jamais que quelqu’un de l’extérieur lui dicte et lui impose quoi que sa soit.
C’est une jeunesse qui, dans son âme, ne se sent pas comme des enfants colonisés. C’est une jeunesse libre et indépendante.
Aujourd’hui, leur slogan est : « Zancen Kasa ne, Laabo sanni no » (c’est une affaire du territoire en langue française), est un message adressé à l’opinion international pour lui dire qu’ils ne feront plus jamais de cadeau à quiconque osera toucher à leur terre, à leur territoire. Il y va de leur propre souveraineté et de celle du pays en général.
Ils ont décidé de rompre avec les vieux accords des années 60-70 et aussi de certains nouveaux accords entre le Niger et la France. Une première dans l’histoire du pays, qui a suscité jusque dans les villages et les hameaux les plus reculés, l’organisation de marches pacifiques, de meetings et autres déclarations, pour montrer leur ras-le-bol de la France et de ses combines.
Voila des preuves tangibles qui démontrent que le sentiment anti-français et anti-impérialiste est inné chez le nigérien.
Si la France ne revient pas à de meilleurs sentiments et si elle ne renonce à cette pensée archaïque du maitre face à son esclave, elle sera la seule perdante parmi tous les partenaires du Niger. Elle perdra certainement, car, le peuple nigérien, des villes comme des campagnes, ne l’aiment plus !
Souley Magé Regeto