Aucun pays au monde ne peut se développer sans éducation. Au Niger des efforts sont déployés par les autorités pour assurer l’éducation des enfants, de l’école primaire à l’université. Mais il faut le dire, les conditions de vie et de travail des enseignants sont loin d’être reluisantes ; tant pour ceux qui exercent en zones urbaines comme rurales. Actuellement, l’école nigérienne est sujette à de multiples difficultés inhérentes aux divers secteurs éducatifs du pays. Si dans les années 1980, pour un souci d’efficacité, l’éducation était gérée par un seul ministère ; tel n’est pas le cas maintenant.
On dénombre présentement trois ministères qui administrent l’éducation ; à savoir le ministère de l’éducation nationale, celui de l’enseignement supérieur et celui de l’enseignement professionnel et technique. Un fractionnement qui provoque une dispersion d’énergie dans la prise de décisions judicieuses en matière d’enseignement. Plus encore, le principal problème de l’enseignement au Niger est celui de l’effritement de sa qualité de l’école primaire à l’université. Le fait le plus concret est la baisse de niveau à tous les niveaux.
C’est dans cette conjoncture, que les Nigériens ont appris le drame qui s’est produit dans la région de Tahoua. Un élève de la classe de CM2 a poignardé à mort son maître d’école. Les faits se sont déroulés dans le département de Bouza. Selon de sources concordantes, l’élève s’était présenté en classe avec un collier inadapté. Ce qui a poussé l’enseignant Moussa Issoufou à dire à l’élève de partir enlever le collier. De retour à la maison, l’enfant a raconté la scène qui s’est déroulée entre lui et son maitre. Sans hésitation le père de l’élève a arraché le collier que portait son fils et lui a intimé l’ordre de regagner immédiatement sa classe. Mais l’élève, en retournant en classe, avait emporté un couteau avec lui. Une fois en classe, profitant du moment où l’enseignant était en train d’écrire une leçon de grammaire au tableau, l’élève lui asséna un coup de couteau qui entraîna sa mort.
Réagissant sur ce triste événement, le secrétaire général adjoint du SYNACEB Cherif Issoufou dira : «Aujourd’hui, c’est l’élève qui attaque son propre enseignant qui l’éduque, au point de lui faire perdre la vie. Nous avons interpellé le gouvernement pour qu’il puisse prendre les dispositions nécessaires. Le gouvernement est obligé de revoir sa copie».
Cependant, à la faveur de cet incident grave, des individus se sont permis de véhiculer dans les groupes whatsApp, des images insolites. Des images caricaturales qui présentent des enseignants armés de coupe-coupe, de haches, de gourdins, de fusils, etc., pour se prémunir contre d’éventuelles attaques d’élèves. A première vue, cela peut faire rire. Mais, au fond, il n’y a vraiment pas de quoi s’amuser. Dans le département de Bouza, un enfant mineur animé par l’inconscience a commis un acte tragique. Un acte traumatisant pour lui, sa famille et celle de la victime. Alpha Amani, parent d’élève, dira : «Je suis profondément choqué d’apprendre qu’un élève a poignardé son maître. Cette situation prouve qu’il y a une rupture dans la chaîne éducative. Je veux dire qu’il y a quelque chose qui ne marche pas bien, d’abord chez les parents et ensuite au niveau des enseignants. Un tel évènement ne devrait plus se répéter dans aucune autre école de notre pays. Donc je demande aux autorités en charge de l’éducation de repenser le système, en vue de protéger les enseignants, mais aussi les élèves». Le drame qui s’est déroulé dans le département de Bouza suscite une réflexion profonde. Une réflexion dans le sens de revoir le dispositif de l’éducation, de l’école primaire à l’université.
Ali Cissé Ibrahim Radio Wadata-Niamey