Le Niger est un grand pays. Partout où se trouve les Nigériens, que ce soit dans les zones urbaines ou dans les zones rurales, ils accordent une grande importance à ce qui se développe, tant sur le plan économique que politique. C’est indéniable, les Nigériens d’aujourd’hui sont hyper connectés dans la recherche de l’information. Cet appétit pour les informations est assouvi par les radios et télévisions publiques et privées, mais aussi par l’internet et les réseaux sociaux. Du coup, les Nigériens actuels ne sont pas ceux des années 1960 ou ceux des années 1980. Les populations nigériennes contemporaines sont devenues exigeantes et regardantes en ce qui concerne leur façon de regarder, d’écouter et d’analyser les informations. Conséquence, il devient de plus en plus difficile de tromper la vigilance du peuple.
C’est dans ce contexte, que les Nigériens apprennent au gré des années et des jours qui passent, des affaires de détournement de deniers publics. Sur de longues périodes, des fonds devant servir l’intérêt général sont allègrement volés par une poignée d’individus utilisant les strapontins de la politique pour commettre leurs ignobles délits. Souvent, dans les causeries, on entend les gens prononcées cette formule « la chèvre broute là où elle est attachée». Autrement dit, travailler dans l’administration, particulièrement étatique, est le moyen le plus facile pour faire main basse sur l’argent de l’Etat. Tout le monde veut s’enrichir rapidement. Construire une maison de plus de 500.000.000 de FCFA, circuler dans une voiture de 80.000.000 FCFA et avoir un compte en banque bien garni. Il n’y pas à chercher midi à quatorze heures, beaucoup se laissent gagner par les démons de la malhonnêteté, pour pouvoir s’offrir un train de vie insolent.
La situation déplorable qui consiste à voler l’argent de l’Etat est revenue en force avec l’avènement de la renaissance au pouvoir à partir de l’année 2011. Issoufou Mahamadou aux commandes de l’Etat, beaucoup de Nigériens avaient nourri l’espoir que la gestion des ressources financières allait être saine. Malheureusement, tel n’a pas été le cas. Si auparavant les détournements de deniers publics s’échelonnaient en millions, ceux d’aujourd’hui se déclinent en termes de milliards. La stupéfaction des Nigériens a été grande lorsqu’ils ont découvert l’énorme affaire de détournement de deniers au ministère de la Défense et tout récemment le cas de Mahamadou Zada, débarqué de son poste de ministre de la Communication dans une affaire de disparition mystérieuse de 3 milliards de francs à la SOPAMIN. Un cas pas très isolé, car la Cour de compte vient d’enfoncer le clou à travers son rapport de 2021 où quasiment tous les pans de l’Etat sont indexés dans des malversations financières et un non-respect criard des dispositions constitutionnelles réglementaires dans la gestion des entités. Ces pratiques malsaines existaient bien auparavant, mais elles ont pris plus d’ampleur avec l’avènement de la Renaissance au pouvoir depuis 2011.
Les Nigériens qui ont connu le magistère du défunt président Seyni Kountché, se rappellent de son époque et de sa rigueur de gestion, avec un grand pincement au cœur. En son temps, il était pratiquement impossible de voler dans les caisses de l’Etat, au risque de se retrouver immédiatement en prison. Avec Seyni Kountché, les Nigériens marchaient droit dans leurs bottes. Et en ce qui concerne le choix des ministres, le président Seyni Kountché privilégiait les plus intègres, sur les plans de la compétence et de l’intégrité morale. Ce qui est loin d’être le cas actuellement. Pour cause, les nominations aux postes de responsabilité sont faites sur des bases partisanes ; qui ne tiennent pas compte des capacités réelles des individus à exercer correctement le travail pour lequel ils ont été només. Alors comment faire pour débarrasser notre démocratie de cette tare, de ce virus de détournement des deniers publics ?
Toute maladie a un remède. Si en l’espace de quelques mois, on a pu trouver une solution contre la Covid 19, il est bien possible de guérir le Niger du mal du vol de deniers publics. Pour ce faire, la solution se trouve dans une lutte implacable contre les délinquants qui se permettent de chaparder l’argent de l’Etat et ce, quels qu’en soient leurs rangs dans la hiérarchie administrative. Il n’y a pas de petits ou de grands voleurs. Un ministre voleur ou tout autre voleur mérite le même châtiment. La justice, pour sa part, doit faire son travail avec une seule vitesse, la rigueur absolue. Le fait que Zada Mahamadou se retrouve en prison est un signe. Néanmoins, cela ne doit pas s’arrêter. A ce niveau, il n’est pas de trop de dire au président de la République, Bazoum Mohamed, de remettre en selle avec force l’opération ‘’Ba sani, ba sabo’’. Le président Bazoum doit poursuivre, en chassant tous les ministres et responsables indélicats qui ternissent l’image de son gouvernement. Une démarche qui lui permettra de grandir en estime dans les cœurs des Nigériens.
Ali Cissé Ibrahim