Suite aux fortes pluies enregistrées dans la commune d’Agadez, un amer constat se dégage. En effet, plusieurs maisons et murs se sont effondrés dans le centre historique de la ville d’Agadez communément appelé « vieille ville » et qui est composé de onze anciens quartiers que sont Katanga, Obitara, Amdit, Hougberi, Founamé, Amarewat, Akanfaya, Oumourdan Magas, Oumourdan Nafala, Agargarin Saka et Oungoual Bayi.
Dans ces quartiers, des maisons chargées d’histoire datant pour certaines du 11ème siècle sont tombées ou sont sur la voie de l’être. Une conséquence du cumul de pluviométrie enregistré du 27 août au 4 septembre 2024 qui a sérieusement touché le noyau historique d’Agadez inscrit, rappelons-le, sur le registre du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO, le 22 juin 2013 lors de la 37ème session du comité du patrimoine mondial de l’UNESCO tenue à Phonom Penh, au royaume du Cambodge.
L’un des critères ayant guidé cette inscription au patrimoine mondial est la reconnaissance de l’ingéniosité de l’architecture traditionnelle et de l’originalité des monuments de la vieille ville d’Agadez. Avec le temps et le changement climatique aidant, l’entretien régulier de ces sites constitue un grand défi pour les populations d’Agadez qui sont pour la plupart dans la précarité.
Même la célèbre mosquée Emiskinine n’a pas été épargnée puisque ses grands supports en terre ont été ravinés par les eaux. “ Des travaux de réhabilitation s’imposent au plus vite” a conclu le gouverneur d’Agadez Ibra BOULAMA lors de sa visite sur les lieux.
Pour le muezzin de la mosquée, “ voyez-vous, ce n’est pas facile pour nous de protéger ces maisons ! Son Altesse le Sultan de l’Aïr Elh Oumarou IBRAHIM fait de son mieux pour protéger ces sites, mais avec ces pluies torrentielles auxquelles nous ne sommes pas habitués, il faut franchement un travail de grande ampleur. L’UNESCO doit nous aider pour leur conservation.”
Ce même cri de détresse émane aussi de plusieurs chefs de quartiers qui constituent le noyau de la vieille ville, “ nous faisons face à un véritable défi de conservation de ces maisons et sites historiques. Nous n’avons pas les moyens de le faire seuls”, ont-ils reconnu.
Interrogé par Aïr info, M. Ali SALIFOU, Conservateur de la vieille ville d’Agadez atteste que “ des actions de restauration et de réhabilitation ont été menées par le Ministère chargé de la Culture, la Commune urbaine d’Agadez, les ONG et associations, les bonnes volontés mais sont insuffisantes car le site est très vaste et les habitations et monuments sont vieillissants car datant pour certains de plusieurs siècles.” Pour lui, “le véritable défi aujourd’hui pour le site est le changement climatique qui impacte négativement l’architecture en terre crue.”
Devant cette menace, l’alerte a été donnée nous a confirmé le conservateur. “ juste après ces pluies, nous avons saisi le niveau central afin d’informer l’UNESCO. Et nous avons aussi informé certains réseaux œuvrant dans le domaine du patrimoine culturel pour prendre des mesures idoines”.
Ce que confirme le commandant Assarid ALMOUSTAPHA, administrateur délégué de la commune d’Agadez pour qui ces pluies constituent “ une menace potentielle pour l’ensemble des habitations en terre et surtout les principaux monuments.” “ C’est pourquoi nous devons tous, autorités administratives, coutumières et religieuses, partenaires techniques et financiers (PTF), bonnes volontés …., nous mobiliser dans un élan de solidarité pour sauver ces sites de l’effondrement en un mot de la disparition”.
Nous apprenons ces derniers jours qu’un inventaire des monuments à risque est en train d’être dressé en collaboration avec les comités de conservation et de veille des onze quartiers.
Il est urgent après cet inventaire de ne point perdre du temps pour lancer la réhabilitation de ces sites historiques. Ils sont notre trésor commun. Pas seulement d’Agadez ou du Niger mais de l’humanité toute entière. Et c’est bien possible de conjurer ce triste sort, il faut juste des moyens mais aussi et surtout de la volonté.
Ibrahim Manzo Diallo
Aïr-Info Agadez