Dans une interview accordée à la radio digitale, Wadata Radio, l’ancien coordonnateur du Collectif de la société civile nigérienne, Mahaman Hamissou Moumouni est revenu sur le coup d’Etat du 26 juillet dernier. Il est revenu notamment sur ses conséquences, ses implications pour les populations et également sur le départ des troupes françaises du Niger.
Wadata Radio : D’abord qu’est-ce que vous pouvez nous dire par rapport à ce coup d’Etat intervenu le 26 juillet dernier en République du Niger ?
Mahaman Hamissou Moumouni : Je remercie votre journal pour l’opportunité que vous me donnez, de m’exprimer sur des questions très importantes.
En effet, le 26 Juillet dernier, un coup d’Etat s’est produit dans notre pays, avec la prise du pouvoir du Général Tchiani. C’est un coup d’Etat qui est le bienvenu parce qu’il va permettre au peuple nigérien de rectifier un certain nombre de choses. Il faut le dire aussi, il est venu libérer le peuple nigérien, parce que, comme vous le savez, avant qu’il n’intervienne, il était difficile d’accéder à une manifestation de rue, parce que toute manifestation était systématiquement interdite et ce qui est marrant, c’est que c’est le maire du parti, qui était alors à l’opposition, qui interdisait ces manifestations.
Ce coup d’Etat est bienvenu au moment où nous étions fatigués, de la présence des militaires français, de cette domination française tant sur le plan politique qu’économique parce que l’ancien président déchu, Mohamed Bazoum, était devenu une marionnette entre les mains de Macron.
Il faut le dire, notre pays était vraiment pris en otage par les français. C’est pourquoi nous estimons que ce coup d’Etat est venu libérer le peuple.
Après ce coup d’Etat, il y a aussi ces sanctions infligées au peuple nigérien par la CEDEAO, avec aussi leurs conséquences néfastes. Qu’est-ce que vous pouvez dire par rapport à ces sanctions ?
Après le coup d’Etat, il y a eu un sommet extraordinaire de la CEDEAO qui avait décidé de sanctions draconiennes contre le peuple nigérien. En l’occurrence, ce sommet avait décidé de la fermeture des frontières et de sanctions économiques, financières et diplomatiques à l’encontre de notre pays. En un mot, il était question d’étouffer le Niger, en un rien de temps.
Ce qu’il faut déplorer ici, c’est que ce sont des nigériens qui ont suggéré ces sanctions à la CEDEAO. C’est à dire que c’est le clan de Bazoum qui a proposé ces sanctions. Ils sont allés jusqu’à demander de couper la fourniture en électricité sur les citoyens nigériens ; et cette coupure d’électricité, aujourd’hui, a entrainé l’inaccessibilité des soins pour les enfants. A cause du manque d’électricité, on n’arrive même plus à faire des opérations pour sauver des vies.
Les sanctions ne suffisant pas, il y a même un certain nombre de Chefs d’Etat qui ont suggéré une intervention militaire. Au départ, il y avait le président du Nigéria, Bola Tinubu. Par la suite il s’est ravisé, contraint par son peuple de revenir dans les rangs. Il s’agit principalement nos frères du Nord du Nigeria qui ont dit non ! Vous avez aussi le fameux Patrice Talon du Benin dont l’économie ne tient que grâce au peuple nigérien. Il a accepté toutes ces sanctions contre le Niger sans même réfléchir aux conséquences pour l’économie de son pays. Après vous avez l’ivoirien Ouattara qui est habitué à tuer les gens. Vous vous rappeler, il a créé une fausse rébellion avec les français et a provoqué la mort de plus de 3000 Ivoiriens. Nous avons également, le président sénégalais qui a passé tout son temps à détruire la démocratie dans son pays.
C’est pour vous dire que ces gens travaillent tous pour la France et chacun d’eux a pris des milliards pour faire le sale boulot, pour déstabiliser notre pays.
Heureusement, nous sommes soutenus dans notre combat par le Mali, le Burkina Faso, y compris le Togo et bien d’autres. On ne peut pas tous les citer, mais beaucoup de pays manifestent leurs intérêts pour le Niger et s’opposent à toute intervention militaire. Ils sont également contre ces sanctions criminelles, qui n’ont aucun fondement légal, parce que lorsque la CEDEAO a été créée en 1975, il n’a jamais été question de prendre des sanctions. Il n’a jamais été question de fermer les banques, d’empêcher à un pays d’accéder à ses biens, encore moins de couper l’électricité. Tout ça a été fait contre le peuple et non pas contre le CNSP qui est l’organe qui a pris le pouvoir.
Que diriez-vous du comportement de la France après ce coup d’Etat ?
La première chose que je constate c’est que Macron s’est permis de dire qu’il ne reconnait pas la transition de notre pays. Comme si quelque part, notre pays, le Niger, dépend de la France. Comme si c’est au peuple français de décider de qui doit diriger notre pays.
Il faut que ça soit clair, le Niger est un Etat. C’était un Etat souverain avant même la naissance de Macron. Et même si nous avions négocié notre indépendance autour d’une table, c’est quand même une indépendance que nous avons acquise depuis 1960. C’est pour cela que le CNSP a demandé le départ de son ambassadeur et celui de ses militaires.
Son ambassadeur avait dit qu’il ne quitterait pas le Niger, mais en fin de compte, il l’a quitté la queue entre les pattes.
La France se croyait suffisante et Macron se croyait suffisamment fort pour attaquer notre pays sans que les militaires ne réagissent. Dieu merci, le peuple nigérien a mené le combat. Un combat jusqu’à faire partir ces légionnaires français.
Tout ceci pour vous dire que sur ce terrain les français et Macron ont échoué. Et de ce point de vue, c’est une grande victoire.
Interview réalisée par Moussa Adamou, collaborateur Wadata Radio Digitale