Au Niger, la langue officielle est le français. Autrement dit, la langue de travail au niveau de l’ensemble de l’administration . Le sujet du présent article est de savoir, si actuellement les Nigériens parlent correctement le français dans leurs interactions ? Ensuite, s’ils le parlent mal, quelles sont les principales causes, et comment faire pour corriger les lacunes ? Le Niger est un pays sahélien dans lequel est parlé plusieurs langues, dont entre autres, le haoussa, le zarma, le fulfulde, le kanuri, le tamacheque etc. A côté de la multitude de langues qui sont utilisées dans le pays, le français, héritage de la période colonial est venu s’ajouter à l’architecture linguistique du Niger. Du coup, avec le statut de langue officielle, le français est la langue qui est concrètement utilisée dans l’enseignement de l’école primaire à l’université.
Actuellement, une sorte de déperdition s’est emparée de l’usage du français au Niger. En effet, si la première génération post indépendance a pu bénéficier d’un bon encadrement en ce qui concerne le français, tel n’est pas le cas avec les Nigériens contemporains. Les Nigériens qui étaient il y a quelques années de cela, connus pour leur excellent usage du français, sont en train de glisser vers ce que Amadou Hampaté Ba a appelé le ‘’ forofifon naspa’’ ou ‘’français des tirailleurs’’, c’est-à-dire un langage imagé qui ne respecte aucunes règles qui constituent la phrase française. Pourtant, dès l’école primaire, les élèves apprennent que la phrase simple en français est composée d’un sujet, d’un verbe et d’un complément. Mais, l’application de cette règle élémentaire est devenue difficile de nos jours. Et pour détecter la confusion dans la façon de parler le français chez les Nigériens, il n’y a pas mieux que la télévision. C’est à la télévision par exemple qu’on voit et entend des ministres, des directeurs de l’administration, des étudiants…, s’exprimés dans un français qui ferait frémir Molière dans sa tombe.
Alors, qu’est-ce qui explique cette régression qu’on observe dans la manière de parler le français au Niger ? Boubacar Amadou, enseignant de français à la retraite de dire « la principale cause du mauvais usage du français, qu’on observe aujourd’hui, réside dans le fait que les enseignants n’ont plus une formation de qualité comme auparavant. A cela s’ajoute bien entendu, le fait que beaucoup se sont retrouvés dans l’enseignement non par vocation, mais pour fuir les affres du chômage. A cette situation vient se combiner le désamour des Nigériens pour la lecture. Comment pouvez-vous comprendre qu’un enseignant par exemple puisse faire un an sans lire aucun livre ? Pour ce qui concerne les élèves, ils sont plus intéressés à passer leur temps sur les téléphones portables qu’à prendre des livres pour lire ». De l’avis de plusieurs observateurs, les Nigériens présentent des lacunes dans l’articulation du français à cause de la honte que peut susciter l’acte de commettre des fautes. Pourtant, un adage bien connu dit que ‘’c’est en forgeant qu’on devient forgeron’’.
Boubacar Amadou de dire encore « certes, le français est une langue qui est venue s’ajouter à nos langues nationales à la faveur de la colonisation. Mais nous devons étudier et apprendre à parler convenablement le français, surtout que c’est la langue officielle de notre pays. En plus, il n’y a pas à chercher loin, la solution pour pouvoir bien parler le français se trouve dans l’assiduité à la lecture. Les Nigériens doivent renouer avec la lecture, qui permet d’enrichir le vocabulaire, afin de bien s’exprimer ».
En écoutant les conversations de certains élèves, étudiants et enseignants, c’est très facile de comprendre qu’aujourd’hui la baisse de niveau est partout. Dès lors, il y a lieu de se poser la question de savoir que seront les futures cadres du Niger? Pour remédier à ce problème, l’Etat du Niger, notamment les ministères en charge de l’enseignement doivent recruter des enseignants qualifiés pour enseigner de école primaire jusqu’à l’université.
Ali Cissé Ibrahim Radio Wadata-Niamey