Les Nigériens, partout où ils se trouvent accordent une grande considération à la culture. Un des aspects, le plus remarquable chez les Nigériens est leur attrait pour la lutte traditionnelle. Au fil des années, l’enthousiasme des populations pour la lutte traditionnelle ne s’est pas dissipé; depuis l’instauration du championnat national de lutte traditionnelle en 1976. De ces différents championnats qui se sont déroulés au Niger, des lutteurs se sont distingués en inscrivant leurs noms en lettre d’or dans l’histoire de ce sport roi. Parmi ces lutteurs, on peut citer entre autres : Kantou de Maradi, Salma Dan Rani de Dosso, Langa-Langa de Zinder, Kasou Kazouga de Tahoua, Naroua Sanou de Tillabéry et tant d’autres.
Cependant, celui qui aura marqué les esprits au Niger, reste sans contester Kadadé Zambo de Tahoua. Natif de la commune de Bambaye dans la région de Tahoua, Kadadé Zambo s’était très vite intéressé à la lutte. Une lutte qu’il pratiquait au Niger, tout comme il lui arrivait de se rendre à l’étranger pour affronter d’autres lutteurs. Au Niger, Kadadé a participé à 10 championnats de lutte nationale avant de prendre sa retraite. Certes, il n’a jamais eu la chance d’être consacré roi des arènes, mais les Nigériens gardent de lui l’image d’un redoutable technicien en matière de lutte. Actuellement, Kadadé Zambo est âgé de 80 ans et il est le chef du village qu’il a créé du nom de Garin-Kadadé. A la question de savoir qu’est-ce qui l’a poussé à adopter la lutte ? Kadadé répondit : « La lutte m’a toujours intéressé depuis que j’étais adolescent. C’est quelque chose que j’ai aimé pratiquer et que j’aime toujours. A la différence des lutteurs de maintenant, je suis de la catégorie des lutteurs qui le faisaient pour se faire un nom, mais aussi pour l’honneur ».
La lutte traditionnelle nigérienne est impressionnante eu égard à l’allure athlétique des lutteurs, mais aussi à leurs façon de s’habiller barder de d’amulettes. Sur le plan de la préparation mystique des lutteurs, Kadadé dira : « en matière de lutte traditionnelle, la part du mystique est très importante. Les incantations ou les prières et les litanies de défis communément appelées ‘’Kirari’’, font partie de cet aspect. Dans leurs préparatifs aux combats, les lutteurs boivent des breuvages et s’enduisent le corps d’onguents magiques pour se rendre imbattables. De plus dans ce cérémonial de préparation, il ne faut pas le cacher, beaucoup de lutteurs font appel à certains types de génies ».
Dans sa retraite, Kadadé n’a toujours pas abandonné le champ de la lutte. En tant que vétéran; il continu d’assurer le recrutement et l’entrainement des jeunes lutteurs de la région de Tahoua. Ce qui l’a amené à dire : « la lutte traditionnelle au Niger est un grand vecteur de cohésion sociale. Certes, la lutte que nous avions pratiquée en notre temps est différente de celle d’aujourd’hui. Mais, ce qui compte, c’est l’esprit qu’elle entretient. C’est-à dire, que les Nigériens se sentent frères les uns des autres. Que les problèmes des uns soient ceux des autres, afin de leurs trouver des solutions. Pour ça, je demande aux autorités de mon pays, de renforcer davantage la lutte traditionnelle pour que sa flamme ne s’éteigne jamais ». Le lutteur Kadadé Zambo, tout comme les autres grands lutteurs du Niger, méritent que les responsables de l’Etat, le président Bazoum Mohamed en tête, s’occupent de leurs conditions de vie; particulièrement ceux qui sont à la retraite.
Ali Cissé Ibrahim Rdio Wadata-Niamey